3 fausses bonnes idées de planification
Occasionnellement, nous déboulonnons pour vous des mythes financiers tenaces. Quant aux fausses bonnes idées, elles sont dans une classe à part. Elles paraissent plutôt séduisantes et pertinentes à première vue, mais ne résistent pas à l’épreuve des faits.
Si un segment de la planification financière fourmille d’interprétations boiteuses, c’est bien du côté de Retraite Québec. Contrairement à nos épargnes en REER et CELI, on ne peut pas « jouer » à volonté avec nos rentes provinciales.
À quelques occasions, on m’a envoyé cette phrase : « Je travaille encore, je n’ai pas besoin de mes rentes, mais je veux les retirer pour replacer le montant dans un CELI ou dans un REER . » Oui, à première vue cela semble logique. Sauf que… les rentes sont imposables. Par exemple, si votre taux marginal est de 40%, un revenu mensuel de 1000$ ne vous laissera que 600$ net. Même si vous le remettez dans un REER, votre remboursement de 240$ ne réussira pas à combler l’érosion fiscale. À moins que l’espérance de vie ne soit sérieusement réduite en raison d’une maladie sérieuse, ce « fling flang » n’est pas rentable. Si vous avez quand même des doutes, faites-moi faire une évaluation personnalisée par un professionnel comme un CPA ou un planificateur financier.
« Je ne mets pas d’argent dans les REER et CELI, car ma maison sera mon fonds de pension.» Cette déclaration en rassure plus d’un mais, elle comporte une part de risque important.
D’abord, rien ne peut nous garantir que dans l’avenir, vous réussirez à revendre votre propriété avec profit tout en vous logeant pour moins cher. Pensez à la poussée de croissance des biens immobiliers de la dernière décennie. J’ai été témoin de la déception de quelques ainés qui ont vendu leur maison en région et ont déménagé autour de Montréal pour se rapprocher de leurs enfants et petits-enfants. Le profit de la vente de leur maison en milieu rural a fondu comme neige au soleil. Ils n’ont réussi à se constituer qu’une maigre rente de quelques centaines de dollars par mois. Comptez uniquement sur la valeur de « l’équité de sa maison » pour financer ses vieux jours est un pari audacieux. C’est rarement suffisant. Après tout, l’immobilier aussi connait des cycles de hausses et de baisses impossibles à prévoir.
L’assurance d’en avoir moins
Concentrer toute son épargne retraite dans une police d’assurance vie universelle ou permanente n’est pas une meilleure idée. Il y a quelques années, un humoriste bien connu me confiait que puisqu’il était « chicken » et avait peur du risque. Il avait investi toutes ses économies dans un triplex et dans des polices d’assurance vie avec valeur de rachat. Il n’avait aucun CELI, REER ou REEE pour son enfant. Son voisin vendeur d’assurances lui avait vanté un stratagème qui consiste à capitaliser au maximum des contrats d’assurance et … rendu à la retraite, il emprunte auprès d’une banque les sommes qu’il a besoin annuellement. Les emprunts n’étant pas taxables, il s’attendait à faire l’affaire du siècle. Le problème est que cette concentration le privait de liquidité importante. On peut y voir des avantages avec des taux d’emprunt très faibles comme 3 ou 4%. Mais cela est du passé. Il a récemment déchanté quand on lui a présenté des illustrations où son taux d’emprunt s’établit à 8% alors que ses valeurs de rachat ont à peine réalisé du 4% par année. L’humoriste ne rit plus.
Les stratégies de capitalisation dans des polices d’assurance sont pertinentes en COMPLÉMENT, si et seulement si les REER, CELI et REEE sont maximisés. Ça ne devrait jamais être le fondement de votre planification de retraite.