La "comptabilité mentale" fausse les perceptions !
· La comptabilité mentale est un biais comportemental qui nous pousse à catégoriser notre argent et nos investissements dans des "comptes mentaux" distincts, en fonction de divers critères comme l'origine de l'argent ou le but de l'investissement.
· Ce découpage mental peut nous amener à focaliser notre attention et nos émotions sur un seul placement, au détriment de notre portefeuille global et de notre plan financier.
Bien que ce comportement soit tout à fait humain, il n’est pas sans risque.
Récemment, un lecteur me faisait part de sa déception par rapport aux obligations de son portefeuille. Il témoignait ainsi : « Je suis vraiment épuisé des pertes. Depuis 3 ans, on nous dit que ça va reprendre et ça ne change pas. Pire, ça s’enfonce. J’aurais dû acheter des CPG. »
En fait, les comptes de placements de Luc sont positifs cette année. Depuis 12 mois son rendement est de +8,4%, mais il ne regarde que la portion qui traine de la patte. Cela démontre bien le phénomène de la « comptabilité mentale ». Malgré que l’ensemble rapporte des gains intéressants, Luc est déçu. Son attention est focalisée sur les 25% et il oublie la belle reprise que le reste de ses avoirs a livré.
Les 3 effets pervers de la comptabilité mentale :
1. Déception disproportionnée: En mettant toute notre attention sur le rendement d'un seul investissement, nous risquons de ressentir une déception disproportionnée si celui-ci ne performe pas bien, même si tout le portefeuille rejoint la cible.
2. Négligence des autres placements : Si l’investisseur réagit et vend tout ce qui lui déplait momentanément, il peut augmenter sensiblement son risque en concentrant ses capitaux dans des secteurs cycliques plus satisfaisants à court terme.
3. Ce biais peut nous éloigner de nos objectifs financiers à long terme, en nous incitant à prendre des décisions impulsives basées sur le rendement à court terme d'un seul placement ou de certaines catégories comme les 7 merveilles (Apple, Microsoft, NVidia, Tesla, Google, Meta, Amazon).
Voici d’autres exemples concrets de comptabilité mentale.
· Imaginons que vous ayez un fonds de retraite et un compte d'investissement pour des projets à court terme. Si le fonds de retraite connaît une mauvaise année, vous pourriez être tenté de transférer de l'argent de votre compte à court terme pour "compenser" les pertes, compromettant ainsi vos projets prévus pour l’an prochain.
· Supposons que vous ayez investi dans une jeune pousse techno en plus de détenir un portefeuille diversifié. Si la start-up échoue, la déception peut être si grande que vous en oubliez les gains réalisés dans votre portefeuille diversifié, vous poussant peut-être à prendre des décisions financières irréfléchies.
Alors, comment éviter les effets sournois de ce biais ?
· Revoyez régulièrement les composantes de votre portefeuille ainsi que votre aversion aux pertes. Prenez du recul et évaluez votre portefeuille dans son ensemble pour vous assurer qu'il s’harmonise avec vos objectifs financiers personnels et familiaux.
· Revoyez avec détails sur caractéristiques des placements décevants et surtout, remémorez-vous les raisons fondamentales qui militaient en leur faveur.
Si par exemple, vos fonds FNB d’obligations vous déçoivent, souvenez-vous qu’elles offrent une diversification additionnelle et à long terme, ils rapportent entre 3 et 7%. Les replis passagers sont presque automatiquement renfloués dès que les banques centrales réduisent les taux d’intérêt directeurs.