La question à 1 million $

Le million fait rêver et déchanter depuis des lunes. On l’utilise à toutes les sauces. Ce chiffre fantasmatique s’est même invité momentanément dans la campagne électorale québécoise de 2022. Un parti a lancé qu’il faudrait bien taxer davantage ceux qui possèdent plus d’un million en actifs.
Prétendre que ça prend obligatoirement 1 million pour aspirer à de vieux jours paisibles est sans doute, trop simpliste. Si vous y accordez trop d’importance, cette cible lointaine pourrait vous décourager de faire des investissements ou pire, cela vous incitera à choisir des placements plus risqués que ce qui vous convient. Par exemple, si vous êtes à 10 ans de la retraite et que vous n’avez « que » 350 000$ en valeur, vous pourriez être tenté de faire du rattrapage en investissant par emprunt ou dans des titres spéculatifs, comme la cryptomonnaie et les actions de pacotille. Et pour ceux qui s’imaginent qu’un million est synonyme de grand luxe et de fiestas ininterrompus à Ibiza, il faut rectifier le tir. Précisons immédiatement, qu’il n’est pas nécessaire d’accumuler une telle somme pour bien vivre. Et si vous devenez millionnaire, vous ne pourrez pas faire d’aussi grandes extravagances que vous imaginiez.
Il est vrai que dans les années 80 il y avait peu de millionnaire au pays. En consultant la feuille de calcul de l’inflation du site web de la Banque du Canada, on peut constater qu’un million de dollars de l’époque n’a absolument pas le même pouvoir d’achat en 2022. Pour acheter des objets équivalents, ça coïncide à près de 3,5 millions en dollars d’aujourd’hui. Dit autrement, la valeur d’un million en dollars de 2022, correspond à 288 700$ en 1980. C’est là une démonstration éloquente de l’érosion par l’inflation.
Un niveau de vie confortable
Donc, si un million n’est probablement pas votre idéal, comment devriez-vous vous y prendre pour connaitre avec assez de justesse VOTRE chiffre magique? Vous n’avez pas le choix. Vous devrez déterminer votre coût de vie. Rapidement, vous pouvez avoir une bonne idée en vous basant sur votre revenu net de l’an dernier et en y soustrayant les sommes épargnées. Donc, ce que vous avez gagné moins, ce que vous avez su économiser.
Par exemple, si en 2021 vous avez touché 80 000$ net, et que vous avez réussi à mettre de côté en CELI, REER ou autres placements la somme de 20 000$, vous avez donc un coût de vie de 60 000$ ou de 5000$ par mois. Pour plus de précision, je vous invite plutôt à « budgéter » votre niveau de vie souhaité. Vous devrez inclure toutes vos dépenses comme l’épicerie, les restos, le logement, les transports, voyages, sorties, vêtements, cadeaux, télécommunications, etc. sans oublier les intérêts de vos emprunts à long terme. Vous devinez que moins vous avez de dettes, plus rapidement votre cible sera atteinte. L’outil SimulR de Retraite Québec pourrait aussi être un bon point de départ. Celui-ci est basé sur un % de votre revenu annuel brut. À la retraite, entre 50 et 70% de vos revenus bruts actuels pourraient suffire. À mon avis, c’est une règle du pouce qui manque de précision comparée à l’évaluation basée sur le budget.
Si j’estime que mon coût de vie à la retraite sera de 3500$ mensuellement, je peux entrer mes données dans le « calculateur de revenu » du site Calculatrices-financieres.ca. Pas aussi élaborés que les logiciels des planificateurs financiers, les nombreux outils qu’on y déniche sont cependant assez précis.
Pour obtenir environ 42 000$ net, en tenant compte d’un taux d’imposition effectif de 20,9% (provincial et fédéral), ça prendra environ 53 000$ de rentrées de fonds annuelles brut. Sachant que la sécurité de la vieillesse du Fédéral et Retraite Québec peuvent vous procurer environ 18 000 par année, votre épargne devra financer la différence, soit 24 000$. N’oublions pas d’ajouter dans l’équation le trouble-fête économique de 2022, soit l’inflation. Pour maintenir notre pouvoir d’achat, cela exige plus de capital. Les normes de projection d’hypothèses de l’IQPF proposent d’utiliser 2,1% comme base de calcul de l’inflation future. On peut évaluer qu’un REER de 549 000$ rapportant en moyenne 4% par année devrait pouvoir durer 30 ans avant l’épuisement. Si vous débutez les décaissements à 65 ans, ça vous mènera à l’âge respectable de 95 ans. Comme vous le constatez, dans cet exemple, on est assez loin du million.
*Attention, cette situation est une simplification et est fournis à titre d’exemple exclusivement. Elle peut ne pas vous convenir ou nécessite l’ajout de variable supplémentaire comme des épargnes en CELI, fonds de pension, soins de santé particuliers, etc. Les informations contenues dans ce document peuvent ne pas être applicables à tous les types d’investisseurs. Avant de donne suite aux informations présentées, veuillez obtenir des conseils financiers professionnels en fonction de votre situation personnelle.