Les frais cachés des CPG
Une expression anglaise dit: On n'a rien pour rien ! -There is no free lunch! l'adage s'applique parfaitement aux CPG. Non, la banque ne donne pas ses produits. Ce n'est jamais désintéressé.
· Depuis un an, plusieurs encensent les CPG (certificats de placement garantis) en raison de leur protection, les taux plus alléchants et aussi, de leur gratuité. Cet argument est erroné.
· Non seulement les CPG ne sont pas gratuits pour l’utilisateur, mais ils sont probablement les produits financiers les plus lucratifs pour les institutions. Je m’explique.
Voici un bref rappel du produit en question. Les CPG sont des produits d'investissement à faible risque qui offrent un rendement fixe sur une période donnée. En ce moment, il est facile de se faire offrir plus de 5% pour 12 mois. Lorsqu'un client dépose de l'argent dans un CPG, il s'engage à ne pas retirer ces fonds pendant une période déterminée en échange d'un taux d'intérêt garanti. Les CPG sont souvent utilisés comme un moyen sûr de faire fructifier des économies sans risque de perte en capital en vue d’un projet précis.
Pourquoi est-ce si intéressant pour les banques?
Les banques utilisent les dépôts des clients, y compris les CPG, comme une source de financement pour leurs activités de prêt. En d'autres termes, l'argent que vous déposez dans un CPG est ensuite prêté à d'autres clients sous forme de prêts personnels, automobiles, commerciaux et surtout d'hypothèques. C'est ainsi que les banques génèrent des revenus : en prêtant de l'argent à un taux d'intérêt plus élevé qu'elles ne paient sur les dépôts.
Couramment, on dit que les banques peuvent prêter jusqu'à 10 fois le montant des dépôts qu'elles reçoivent, c’est parfois le cas, mais cette affirmation est une simplification. Au Canada, les banques sont soumises à des réglementations strictes concernant le montant qu'elles peuvent prêter par rapport à leurs dépôts. Ce ratio est souvent appelé le "ratio de levier" ou le "ratio de capital".
· Il ne s'agit pas d'un multiplicateur fixe comme "10 fois", mais plutôt d'un ratio calculé en fonction de divers facteurs, y compris le type de prêt et le profil de risque associé. Ça peut être moins de 10 fois et parfois plus.
On comprend donc que lorsqu’elle reçoit un dépôt en CPG, la banque peut prêter votre argent en s’en servant comme levier et ne s’en prive pas, c’est même la base de son modèle d’affaires.
Prenons un exemple : Richard a 100 000$ en argent qu’il souhaite placer. Sa banque lui offre un CPG d’un an à 5%. Donc, au bout de 12 mois, il recevra 5000$ en intérêt (100% imposables dans un compte au comptant non REER ou CELI). Si elle prête la même somme dans une hypothèque d’un an à 7,25%, la banque fera 2250$. Soit 2,25%. Ce n’est pas un frais proprement dit pour Richard, mais on va l’appeler « écart ». C’est certainement une perte d’opportunités. Sans cet apport de Richard, la banque ne pourrait recevoir ce revenu et ne le partagera pas avec le déposant. Ça ne s’arrête pas là, si les ratios de la banque le permettent, elle pourrait bien prêter 10 X 100 000$. Ici, on parle d’un million. À 7,25%, son bénéfice brut serait alors de 67 500$.
Si Richard choisit spécifiquement un CPG, car il juge que les frais des fonds, FNB ou autres honoraires des planificateurs sont trop élevés, je pense que ce « DÉTAIL » va le secouer.
· Prétendre que le CPG de Richard est sans frais est probablement trompeur. N’est-ce pas? Appelons écart, marge, coût, loyer, indemnisation ou autres… la banque s’enrichit avec ses capitaux.
Notez que cet exemple est très simplifié et ne tient pas compte de nombreux autres facteurs tels que les frais administratifs, les coûts de gestion des risques, les impôts, les provisions pour pertes sur prêts, etc.
Néanmoins, ça donne une bonne idée de la manière dont les banques peuvent générer des profits à partir des dépôts des clients et des prêts hypothécaires.